Voici qui se proclame et se publie : la colonie ! Des tribuns et des chercheurs l'affirment, la France est malade de ses colonies. Cette rumeur contraste avec l'assourdissement qui succéda aux grandes luttes de décolonisation. Mais suffit-il de parler des colonies pour en défaire la douleur ? nullement. Car l'oppression avait bien son expression, consacrée, évidente, entêtante. Elle pourrait perdurer jusque dans les textes des belles âmes d'aujourd'hui. Foin de l'imaginaire, de la mémoire, de la culture. Nous devons d'urgence revenir sur les conditions de notre propre discours. Retracer les phénomènes de censure qui persistent. Déjouer l'interdit qui lova l'exercice langagier des pouvoirs. Ne laissons pas la parole readymade nous tenir lieu de pensée. Et ne craignons plus de parler « petit-nègre ». Cet ouvrage est l'un des premiers à utiliser ensemble les acquis des postcolonial studies d'outre-Atlantique, de la tradition historiographique française et de la francophonie. En allant d'Haïti au Québec, de la Renaissance aux « émeutes des banlieues », de la critique littéraire à l'histoire sociale, l'enquête construit la signification d'une expérience forcément contradictoire. Par l'exemple (post)colonial, la visée, alors, est d'interroger les différentes manières qu'a le langage de transmettre ou démettre l'ordre social et politique.
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