La Shoah a laissé l'Église catholique et les chrétiens sans voix. De
ce silence naîtront les interrogations de la conscience chrétienne
et, à travers un long cheminement, à partir de Vatican II, un nouveau
regard sur le peuple juif. Pourquoi ce changement historique ?
Comment se traduit-il ? Que signifie-t-il ?
Pour le comprendre, Jean Dujardin examine sans complaisance
quelques moments-clés des relations entre Juifs et chrétiens : la
séparation initiale, qui ne fut ni immédiate ni perçue comme telle ; le
lien entre les siècles d'antijudaïsme chrétien et l'antisémitisme
moderne ; l'attitude de Pie XII pendant la guerre, qui, au-delà de
celle du Pape, renvoie à celle de l'Église tout entière ; le retour du
peuple juif sur la terre d'Israël ; et plus près de nous l'affaire du carmel
d'Auschwitz, affrontement de deux mémoires. L'enseignement
de l'Église envers les Juifs et le judaïsme a changé au fur et à
mesure. L'auteur analyse les étapes de la rupture avec le passé et
interroge les textes : déclaration conciliaire de 1965, document épiscopal
français de 1973, textes romains de 1975, 1985 et 1998, accord
de 1993 entre le Saint-Siège et Israël, déclaration de repentance de
Drancy en 1997, enfin, en 2000, le geste historique de Jean-Paul II
devant le Mur des Lamentations, à Jérusalem.
L'existence juive interroge la conscience chrétienne. Acteur, témoin
et historien de ce dialogue nécessaire et difficile, le père Dujardin
en marque les acquis et les limites, en donnant la parole à tous ceux
qui en sont les artisans et les auteurs.
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