«Plus que jamais la paix reste à faire. Plus que jamais, peut-être, elle sera dans les prochaines décennies un enjeu de survie de l'humanité. Plus que jamais elle se fera dans la tête des hommes. Car la paix, comme l'avait bien compris Maria Montessori, n'est pas la non-guerre. Ce n'est pas seulement affaire de diplomatie, d'armée et de cessez-le-feu. Trop souvent les peuples qui gagnent la guerre perdent la paix qui suit, car les valeurs nécessaires pour gagner la guerre - simplification, obéissance aux ordres, clarté de la distinction entre amis et ennemis, etc. - n'ont rien à voir avec les valeurs nécessaires pour construire une paix durable - la capacité à admettre et comprendre la complexité, la capacité à coopérer avec l'autre, l'esprit critique, le sens du compromis, la perception aiguë de l'unité et de la diversité simultanée du monde.
La paix est une science, un art, une culture. Pour Maria Montessori, la paix s'apprend. Dans la construction de la paix il n'est pas de petite chose et de petite échelle : ce qui se joue entre les femmes et les hommes, entre les enfants et les adultes, entre les enfants eux-mêmes, au niveau de la famille, de la classe, du quartier, se retrouve à l'échelle des rapports entre les nations. La tolérance, la capacité à reconnaître que l'autre est à la fois semblable à moi et digne des mêmes égards, et en même temps radicalement différent et digne du même respect, se pose à l'échelle des rapports interindividuels comme à l'échelle des rapports entre les civilisations et les religions. Il n'y a pas de petite échelle pour apprendre l'harmonie, il n'y a pas de petite échelle pour apprendre la tolérance.
Maria Montessori écrivait il y a soixante ans : "L'enfant a un pouvoir que nous n'avons pas : celui de bâtir l'homme lui-même".»
Pierre Calame
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