Lectures de The Winter's Tale
Pièce hybride, à mi-chemin entre tragédie de la jalousie et comédie sur la vertu du repentir et le triomphe de l'amour, The Winter's Tale est aussi, comme les autres oeuvres tardives de Shakespeare, une réflexion sur les pouvoirs démiurgiques de l'art et sur l'acceptation par le spectateur des artifices qui rendent l'illusion possible. Cette dimension métafictionnelle et métathéâtrale est manifeste dès le titre, qu'il faudrait, pour rendre la richesse des acceptions de la tradition narrative à laquelle il fait allusion, traduire sans doute tout autant par « conte à dormir debout » que par « conte d'hiver ». Univers païen et univers chrétien, tragédie et comédie, récit et spectacle dramatique, vraisemblance et merveilleux, art et nature, illusion et réalité, vie et mort : les éléments qui se côtoient dans la pièce ne cherchent pas à dissimuler leur nature antithétique, bien au contraire. C'est précisément sur cette présence simultanée de deux principes opposés que repose le mécanisme dramaturgique dont Shakespeare souligne les rouages. Tout comme dans la tradition narrative à laquelle le titre fait référence, ce qui compte, dès lors, n'est pas tant le récit lui-même que l'effet qu'il produit sur le spectateur et le statut que ce dernier lui accorde. Autant de perspectives dont traitent les articles rassemblés dans le présent ouvrage, rédigés par des universitaires américains et français spécialistes du théâtre de Shakespeare. À ces éclairages critiques s'ajoutent les témoignages de Greg Hicks et David Farr, respectivement acteur principal et metteur en scène de la dernière production en date de la pièce par la Royal Shakespeare Company (2010).
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