Los rios profundos, publié en 1958, est le deuxième roman de l'écrivain péruvien José Maria Arguedas (1911-1969). Héritier du courant indigéniste qui, dans les années 1920-1930 au Pérou, dénonce la situation d'asservissement et de pauvreté que le système de l'hacienda impose aux paysans indiens dans les Andes, le roman transgresse les lois du genre réaliste en mettant en place un dispositif narratif original.
Le personnage-narrateur, double de l'auteur, à la croisée de deux cultures, celle du monde quechua dans lequel il a été élevé et celle de la culture du Pérou officiel, catholique et blanche, devra trouver sa place dans le microcosme du collège religieux d'une petite ville des Andes, Abancay. Ce roman d'apprentissage d'un jeune adolescent est aussi une recherche formelle pour l'écrivain qui tente de restituer en espagnol une autre culture, panthéiste et harmonieuse, celle du monde indien. Réalisme magique, autobiographie fictionnelle, recherche identitaire, les codes de lecture de l'oeuvre sont nombreux ainsi que les questions d'ordre théorique que pose le roman d'un écrivain-ethnologue.
Mais au-delà d'une lecture interprétative multiple, Los rios profundos, grâce au style de l'auteur que l'on pourrait assimiler à une écriture de l'enchantement, est un grand texte lyrique, un roman-poème, où l'imaginaire universel reconnaît dans «les fleuves profonds» la nature de ses rêves.
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