Didact espagnol
Lectures de García Márquez
Dans le cadre de l'un des aspects du programme
(correspondant au programme du cycle terminal en
littérature), le premier aspect traité est la contextualisation historique du personnage du dictateur et de
la dictature (« l'écrivain dans son siècle », pour ce
programme). Le romancier réfléchit à partir d'une réalité
qui apparaît après l'Indépendance, au XIXe siècle en
Amérique latine. Il exprime la soif de pouvoir d'ambitieux frustrés, idolâtrés et redoutés à la fois, car ils
prétendent incarner et imposer un ordre nouveau. Les
avatars du modèle iront de Bolivar aux divers dictateurs, des libérateurs qui gèrent un pays comme leur
propriété, ou des réformateurs libéraux, qui feront
naître l'économie moderne mais se comportent parallèlement en tyrans, puis au modèle le plus courant dans
la première moitié du XXe siècle, de simples tyrans
sanguinaires au service de puissant voisin du nord, dont
ils protègent les intérêts, qui font figure de pères du
peuple dont ils sont les bourreaux.
Dans le cadre de « mythes et héros », la réflexion
sur le personnage du dictateur s'élargira au mythe de
la révolution, mythe des sociétés latino-américaines
des années soixante, né du triomphe de la Révolution
cubaine. Le rapprochement doit être fait avec le
triomphe des Barbudos cubains. Dans ce cadre, le
dictateur est bien l'anti héros : valeurs sociales inversées
sous son gouvernement, silence imposé au peuple,
etc. Ici, le héros, c'est le peuple qui envahit le palais
présidentiel.
Du point de vue littéraire, il conviendra d'étudier
l'évolution de la présentation romanesque (avec
quelques allusions à la poésie, trop souvent servile à
l'égard des tyrans - Ruben Dario, et autres thuriféraires
de Manuel Estrada Cabrera, par exemple) de la figure
du dictateur, en soulignant la spécificité du personnage
de Garcia Mérquez. Souligner les phénomènes d'intertextualité permettra de souligner les notions d'« héri-
tages et de ruptures », autre angle d'approche d'une
oeuvre suggéré par le programme ministériel.
Le problème de l'instance narratrice est fondamental. Le texte romanesque traduit l'oralité : le peuple qui
a investi le Palais raconte, chacun
ajoutant ses souvenirs, l'histoire du
Patriarche. On peut en voir le modèle
dans certains passages de La casa
verde de Mario Vargas Llosa, publié
quelques années plus tôt : les habitants d'un quartier rendent compte
de l'histoire de deux personnages
venus s'installer parmi eux.
Le personnage est finalement créé
ici par ces voix qui se succèdent,
dans toute sa complexité, du grand
enfant qui apprend à lire au tyran
sadique qui fait croire à sa mort pour
se débarrasser de ses ennemis.
La prise de parole est une prise
de pouvoir. Le style direct libre est
l'une des techniques d'écriture qui
oppose les paroles insignifiantes
ou cruelles du Patriarche à celles du
peuple.
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