Presque tous les problèmes cruciaux de notre école sont en un sens
des problèmes philosophiques : autorité pédagogique, «sens des
savoirs», laïcité et rapport entre les cultures, définition d'un système
éducatif juste, transformations liées au numérique, etc. Pourtant,
les philosophes de notre époque parlent peu de l'éducation, encore
moins de l'éducation scolaire. La philosophie doit reprendre sa part
dans l'approche publique de la «crise» de l'école. C'est à quoi ce livre
veut inviter.
Ces problèmes sont philosophiques dans la mesure où ils touchent
aux principes censés régir l'institution scolaire. Ces principes sont
aujourd'hui confus ou introuvables, s'agissant notamment de ce qui est
à enseigner et de ce qui est à évaluer. Tous les acteurs et partenaires de
l'institution scolaire sont sensibles à cette déficience, d'où s'ensuivent,
à un degré trop élevé pour n'être pas ruineux, perplexités, inquiétudes,
malentendus, découragements et rejets.
Mais rétablir pour l'école des principes solides suppose qu'on prenne
en compte les complications modernes et tout particulièrement françaises
de la relation au savoir et à la culture. C'est le double objet de
ce livre. Il faut relire Rousseau, Durkheim, Foucault, Bourdieu, pour
remonter aux origines de notre crise intellectuelle, mais aussi pour
remarquer ce que les pensées les plus provocantes doivent encore à
la notion classique de la culture de l'esprit.
«Rien ne s'apprend plus facilement que ce qu'il y a de meilleur.» Si
Érasme a raison, alors l'urgence est toujours de faire que le meilleur
soit offert à tous les enfants.
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