«Crever le bourgeois !» : un soir de novembre
1893, dans un restaurant parisien, Léon Léauthier,
vingt ans, met à exécution ce mot d'ordre des anarchistes ;
il poignarde au hasard un client décoré. Ce jeune cordonnier
se venge ainsi de la société indigne que l'histoire a baptisé
«Belle Époque». Dans les mois qui suivent, Émile Henry fait
sauter le café Terminus, Vaillant lance une bombe en pleine
Assemblée nationale et Caserio assassine Sadi Carnot, le
président de la République. C'est la panique chez les nantis !
Les auteurs de ces attentats revendiquent leurs «belles
actions» et promettent vengeance à leurs bourreaux.
La justice ne les rate pas. Le procès de Léauthier illustre la
guerre à mort entre une bourgeoisie aux abois et les «bons
bougres» qui la vomissent.
Condamné et envoyé au bagne de Cayenne, Léauthier sera
victime de la pire des provocations de l'histoire pénitentiaire
française, restée impunie. Il participera à la seule «révolte»
de l'histoire du bagne : celle des anarchistes, en 1894. Moins
illustre que Bonnot ou Ravachol, son destin exceptionnel,
raconté ici pour la première fois, méritait d'être sauvé de l'oubli.
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