Le Vrai Pays
Notre tâche à tous est de restaurer un lien authentique avec nos sociétés précoloniales, et avec nos ancêtres aborigènes. Sans ce lien, sans cette immersion dans notre héritage, il ne nous resterait que le langage de la politique ; nous ne pourrions plus que réagir à la colonisation, engager des actions polémiques ou d'opposition pure, et ne nous concevoir que comme de simples victimes ou, au mieux, comme des résistants ratés.
Extrait de la postface de l'auteur.
Nous sommes à l'école de la communauté aborigène de Karmana, dans le bush de l'ouest australien. Une équipe d'enseignants blancs y éduque ou « rééduque » les jeunes aborigènes dont ils ignorent bien souvent les véritables origines et disparités. Ces Longues chaussettes blanches montantes, ainsi que les désignent les indigènes, se demandent comment s'y prendre pour bonifier, fertiliser et civiliser un peu ces gentils sauvages. L'un d'eux, Billy, possède un éclairage particulier. Kim Scott, qui a un temps enseigné dans le bush, s'est visiblement campé dans ce personnage. Le livre est conté à deux voix. Tantôt le narrateur, Billy, décrit en détail les avatars quotidiens de cette école, où deux mondes fort décalés se confrontent, se cherchent et tentent de se comprendre, tantôt une voix profonde, imagée et onirique, celle du peuple aborigène, capte le fil du récit, peignant les événements suivant sa logique propre, aux codes et aux savoirs ancestraux. Terrible témoignage sur le choc et l'incommunicabilité des cultures, ce roman s'inscrit à la pointe d'une volonté, actuellement émergente, de reconnaissance et de décryptage ethnologique. À l'éclairage subtil de son humour contristé, teinté d'une poésie aux accents corrosifs, l'auteur nous entraîne au coeur du Vrai Pays des aborigènes, un pays d'où l'on ne sort pas sans risques, et dont on ne rentre pas indemne.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.