« Lao-tseu ne devait pas être loin d'éprouver un aussi singulier malaise, quand il quitta la Chine par la frontière de l'ouest. Il en est pour prétendre qu'il abandonna au garde-frontière le manuscrit du Tao Te King. Hypothèse farfelue et illogique : Lao-tseu est certainement, comme l'Ange de l'Histoire, sorti de la Chine à reculons, et il n'a jamais cessé d'avoir sous les yeux les 81 chapitres de son livre, chapitres que, par le fait même d'entrer dans l'espace étranger, il commençait déjà à récrire. A notre tour de formuler une hypothèse, risquée peut-être mais sûrement moins extravagante que la précédente : le but de Lao-tseu était de gagner l'Occident. Nul ne saura combien de siècles il mit pour y parvenir, mais on peut raisonnablement imaginer qu'il fit assez bien les choses pour rencontrer le terme de l'Asie non loin du Bosphore, à un moment où Byzance était devenue Constantinople. C'est-à-dire quand l'incréé qu'il transportait dans ses bagages, avait eu le temps nécessaire pour affronter la Trinité bysantine et l'Unique grec.
Eh bien ! le lecteur du Tao a le droit de soutenir une gageure : transcrire les commentaires que Lao-tseu n'a manqué de faire durant son improbable séjour à Constantinople, autour des bribes de son texte qui s'était déchiré aux ronces et aux vicissitudes de la route. »
Comme Vies nouvelles (Flammarion, 1979), comme Le Guide des égarés (Digraphe-Éditeur, 1999) et Le retour du temps (L'Harmattan, 2002), ce livre cherche à faire surgir le « noyau de prose » par lequel l'uvre découvre ce qu'il y a de plus actuel. Il se présente de trois façons, selon trois écritures : ici, au centre, des fragments du Tao Te King, et, tout autour, 80 poèmes, comme autant de commentaires du livre de Lao-tseu, et les 80 chapitres d'un récit contant l'étrange exil de Lao-tseu à Constantinople.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.