
La mort d'un individu signifie aussi l'amputation d'une société de l'un de ses
membres. C'est avec ce présupposé ethnographique qu'Avner Ben Amos interroge
ici les pratiques funéraires mises en oeuvre par la France depuis la Révolution française,
la manière dont l'État se dote d'une définition du grand homme qu'il souhaite
récompenser pour ses vertus et montrer en exemple à des fins pédagogiques.
L'enquête dépasse d'ailleurs ce seul terrain. Elle insère les funérailles d'État - de
Mirabeau à Mitterrand - dans tout l'ensemble de la politique symbolique de la
République, qui est au centre de l'analyse. L'ordonnancement des funérailles mises
au point par l'État - la panthéonisation, l'enterrement aux Invalides, ou quelque
cérémonie particulièrement fastueuse - est analysé ici sur la longue durée.
En mobilisant les ressources offertes par l'ethnographie et l'anthropologie de l'État,
de Geertz à Mauss, de Hertz à Van Gennep, l'auteur met particulièrement en
évidence la nature du moment que constituent les funérailles (un rite de passage,
délicat donc, pour les vivants et pour le statut donné au défunt), et insiste sur
l'importance de la chronologie pour mieux comprendre la signification des funérailles,
dont certaines servent à rassembler la société quand d'autres contribuent
à la diviser.
Par sa richesse, cet ouvrage dégage de nouveaux registres de l'expression politique
et en révèle tous les déplacements sur des terrains plus profonds.
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