« La Compagnie des Indes oniriques »
Deleatur chez Ginkgo
« Sur toute la contrée, depuis les rebords amers du plateau dont les flancs se craquelaient de combes où les torrents menaient sans relâche leur tapage jusqu'aux mornes pentes des Hautes Brandes dont les sentes s'engonçaient sous des arceaux d'aubépines tassées comme des fous rires et, entre les deux, bien sûr, sous les denses nuées de la forêt qui étirait ses membres gourds au vent soudain tiédi, sur toute la contrée, en tout lieu et tout asile et même sur l'onde sans remords, cette odeur verte comme une femme. Et, quand le vent se suspendait, le goût sauvage du silence. »
Écrit en 1976-1977, le Veilleur du Jour fut publié chez Flammarion en 1986 dans la prestigieuse collection « l'Age d'or ». À la fois roman d'énigme, récit d'aventures et livre de mémoire, tissé de relations métaphoriques à la littérature et au tarot divinatoire, ce deuxième volume du Cycle des contrées (après les Jardins statuaires) est aussi une réflexion prémonitoire sur le pouvoir et ses ambiguïtés.
« Jacques Abeille, ce "piéton de Bordeaux", calligraphie sa ville de ses déambulations romanesques. De la place de la Victoire à l'esplanade des Quinconces, des "cours" aux "barrières", ses périples urbains éveillent une ville latente dont lui seul a la clé. À l'insu des passants, quand il marche dans Bordeaux, il traverse en fait Terrèbre, cette mégalopole qui est le lieu de son second roman : le Veilleur du Jour. »
J.-D. Wagneur, Libération (1986)
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