En 1994, au lendemain du génocide perpétré au Rwanda, l'ONU décide
d'en poursuivre et d'en juger les principaux auteurs. Elle crée le Tribunal
pénal international pour le Rwanda, établi à Arusha, en Tanzanie. Sur les
pas du tribunal pour l'ex-Yougoslavie, il suscite d'énormes espoirs. On parle
d'un nouveau Nuremberg.
Le début des procès est laborieux. Puis, sous l'impulsion de Louise
Arbour, de spectaculaires arrestations ont lieu et les premiers aveux des
génocidaires tombent. L'objectif du procureur canadien est de resserrer
les poursuites autour des plus importants responsables du génocide - dans
le droit fil de ce qui avait été réalisé à Nuremberg. Mais le grand projet
s'enlise dans la procédure, tandis que la politique prend le pas sur le droit,
au prix d'un double renoncement. Il n'y aura pas d'enquête sur l'attentat
contre l'avion du président rwandais, événement déclencheur du génocide.
Il n'y aura aucune mise en accusation pour les crimes commis par ceux
qui sont sortis vainqueurs de la guerre civile. Ainsi, les deux dossiers les plus
politiquement sensibles sont écartés.
Après dix années d'existence, le tribunal d'Arusha, né d'un acte de
contrition, démontre qu'il peut y avoir une justice plus partiale et moins
courageuse que celle des vainqueurs.
Thierry Cruvellier, observateur assidu et minutieux de ces procès, en fait
le récit, édifiant et implacable, en s'affranchissant des passions qui entourent
cette page noire de l'histoire de l'humanité. À la lecture de ce livre, qui
restitue l'exceptionnelle confrontation avec leurs juges d'hommes accusés du
«crime des crimes», on ne peut douter un instant qu'il soit nécessaire de
persévérer dans la poursuite et le jugement des auteurs de crimes contre
l'humanité, où qu'ils se trouvent. Mais pour ce faire, il faudra tirer les
leçons d'Arusha.
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