Cet essai invite le lecteur à une flânerie attentive dans les oeuvres des littératures policières, qui, d'Émile Gaboriau à Frédéric H. Fajardie, Daniel Pennac en passant par Léo Malet et son mythique « brouillard au pont de Tolbiac », ont mis en scène des crimes fictifs ou réels dans le treizième arrondissement de Paris. Traversé par la violence et la mort, théâtre d'une misère « noire » et d'actes criminels attestés par la réalité historique ou sociologique, le XIIIe, un quartier « polar » selon l'expression d'Alain Demouzon, dépasse le simple cadre réaliste au service du récit.
Il peut ouvrir sur une représentation tragique d'une scène sacrificielle, peuplée de bourreaux et de victimes, sur une vision complexe du quartier comme un lieu ouvert, une « zone » ambiguë entre passé, présent et avenir, un espace composite et disparate, entre cosmopolitisme et babélisme. Chargé d'Histoire et d'histoires, le XIIIe devient un texte « noir » qui nous oblige à réfléchir sur l'écriture et la lecture. Le chemin de la lecture policière ne ressemble-t-il pas d'ailleurs à la déambulation du marcheur arpentant l'avenue d'Italie, les ruelles de la Butte-aux-Cailles ou le parvis de Chinatown, un passant à la recherche de traces qui s'efforce de décrypter les signes émis par le labyrinthe urbain ! Cette lecture qui est une autre manière de marcher, de voir, offre la possibilité de transformer la fatalité circulaire et enfermante de la cité en un espace ouvert à la dérive et propice aux vagabondages du rêve et de l'humour...
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.