La prison n'est pas une île coupée du monde. Loin de l'exotisme carcéral qui consiste à aborder l'univers pénitentiaire en le déconnectant de son contexte, ce livre propose une inversion des regards. Au-delà des tableaux saisissants, régulièrement rapportés d'excursions au-dedans des enceintes pénitentiaires, il s'agit de reconnaître que la prison n'est qu'une excroissance de la société, sa reproduction exacerbée. Dans cette perspective, le prisme du travail pénal est particulièrement intéressant pour explorer les finalités de cette institution, les « usages » que les personnes incarcérées font des « offres » d'activités intra-muros, le sens de la peine et du « traitement pénitentiaire ».
On sait que l'empêchement de l'activité est fondamentalement privation du pouvoir de l'action. Être privé de métier, c'est être cantonné à des « occupations », être amputé des conditions nécessaires à la fois à la construction de soi et à la construction du vivre ensemble. En ce sens, la prison constitue bien un véritable observatoire de questions communes à toute société comme à tout individu. Et l'étude du travail en prison éclaire les fonctions du travail dans le monde libre comme elle impose aussi de repérer comment les caractéristiques contemporaines du « monde du travail » se déploient dans l'enceinte de la prison.
La restauration du travail, de ses fonctions économique, sociale, psychologique a une portée générale susceptible de transformer à la fois le « travailleur » et le système dans lequel il vit, dedans, comme dehors. C'est bien dans cette perspective que se situe l'ensemble des contributions de cet ouvrage collectif, au-delà de la diversité et de la complémentarité des expériences de chacun des quatre auteurs.
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