Quelles étaient dans l'ancienne France les lois qui régissaient le travail ? A quels pouvoirs les gens de métiers, considérés comme travailleurs, étaient-ils soumis ? Quelle influence le système corporatif a-t-il exercée sur la condition des classes ouvrières ? Quelle est dans la constitution de ce système la part de la démocratie et la part du christianisme ?
L’histoire du travail, dans l’ancienne France, peut se diviser en quatre périodes nettement tranchées. Dans la première, à partir de la conquête romaine jusqu’aux invasions barbares, nous trouvons l’esclavage, mais l’esclavage déjà adouci. Dans la seconde période, c’est-à-dire depuis la chute de l’empire d’Occident jusqu’à la fin du règne de Charles-le-Chauve, l’esclavage est remplacé par la servitude domestique. L’esclave est propriétaire de sa vie, et se trouve, dans une certaine limite, usufruitier du travail de ses bras. Plus tard, à la fin du IXe et dans le cours du Xe siècle, la servitude se transforme en servage. Dans cette condition nouvelle, l’homme, moyennant l’abandon d’une certaine partie des revenus de sa terre, d’un certain nombre de journées de travail, se possède soi-même, ainsi que la terre qu’il cultive ou les objets qu’il fabrique ; il n’est plus qu’un tributaire. Enfin, dans la quatrième période, que nous appellerons la période d’affranchissement, et qui commence au XIIIe siècle, on voit naître, avec un nouvel ordre dans l’état, une nouvelle constitution de l’industrie, ou plutôt on voit naître l’industrie elle-même. Le serf devient l’homme des métiers ; il travaille pour lui-même, perçoit pour lui-même et sa famille le prix de son labeur. Le noble n’est plus le maître absolu qui s’empare de tout ce qui se trouve à sa convenance ; ce n’est plus l’homme armé qui pille, c’est le consommateur qui paie. Les classes laborieuses, régies par des lois fixes, comptent pour la première fois parmi les forces sociales...
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