En plein essor du journalisme embarqué, dépêcher
un reporter pour battre un record fictif du tour du monde
était une bonne idée. Envoyer une femme en était une
meilleure encore. Lorsque Nellie Bly entreprend sa
circumnavigation en novembre 1889 pour le journal New
York World, elle part seule, chargée d'un unique sac à main
de voyage. Son objectif : coiffer au poteau Phileas Fogg,
le héros britannique du roman de Jules Verne, Le Tour du
monde en 80 jours. Costume de voyage - cape, veste bleue
à col haut, jupe, long manteau de tartan et mallette de
cuir -, Nellie Bly boucle en 72 jours une ode à l'audace et
à la détermination sans jamais se départir de son impeccable
autodérision. Après 10 jours dans un asile, le succès inouï de
cette nouvelle aventure consacre Nellie Bly comme figure
de la lutte pour l'émancipation des femmes et pionnière
du journalisme d'investigation.
"Comment m'est venue cette idée ? Remonter aux origines des
idées peut parfois s'avérer compliqué. Elles sont le combustible
même des journalistes, une denrée malheureusement trop
rare sur le marché... mais pas impossible à dénicher.
Celle-ci m'est apparue un beau dimanche après que j'eus passé
la journée puis une bonne partie de la nuit à ferrer un sujet.
J'avais l'habitude de me creuser la tête le dimanche et de
soumettre le résultat au bon vouloir de mon rédacteur en chef
le lendemain. Or ce jour-là, rien n'avait surgi à mon esprit et
à trois heures du matin j'étais encore à me tourner dans mon lit,
épuisée et migraineuse. Agacée par mon manque d'imagination,
je finis par me désespérer : Qu'est-ce que j'aimerais être
à l'autre bout de la planète !... Tiens, mais pourquoi pas ?
songeai-je. Des vacances me feraient le plus grand bien...
je pourrais entreprendre un tour du monde !"
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