Dans les rites de mai, le végétal jouit de singuliers privilèges. Il y a l'arbre de mai, il y a les rameaux que l'on vient suspendre aux fenêtres des filles à marier et, dans certaines contrées, il y a aussi la transfiguration du quotidien par les fleurs et les branches vertes. Les enfants ou les adolescents se font vêtement de la parure des arbres ou des buissons. Ces déguisements ont une signification bien précise : en nous identifiant avec le monde végétal, nous échappons à notre condition matérielle, à notre individualité périssable. Nous nous insérons dans ce mouvement de l'éternel retour dont la fleur nous donne l'image. Car comme dans la plante, il y a en nous une multitude de graines et, si l'une d'elles s'étiole et meurt, il y en a toujours une autre pour manifester la permanence de la vie. Comme les roses, nous paraissons perdre l'un après l'autre les pétales colorés qui constituent notre grâce fragile ; mais quand la rose se sera fanée, bien d'autres roses dans la suite grandiront et s'épanouiront et ce sera toujours la même rose, qui est feu, flamme et promesse des soleils à venir.
Claude Mettra.
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