L'auteur ouvre sa mémoire et parcourt une vie éclairée par la lumière noire du Voyage au bout de la nuit, lu à l'adolescence. Un à un, à chaque détour d'un jeu de piste minutieusement composé, dont le but est de répondre à la question : « Qu'est-ce qu'une grande vie ? », de Zola à Anatole France et André Gide, de François Mauriac à Maurice Sachs et Chateaubriand, de Bernanos à Nerval et Vigny, de Camus à Malraux, en passant par Léon Blum, Henri Barbusse et Emmanuel Berl, les écrivains resurgissent non pas du néant mais de la mort qui ne les « détruit pas » et les « rend seulement invisibles » (Chateaubriand).
Alors s'élèvent les Chants du Voyage, qui, en écho au douloureux vertige de vivre, loin de conduire au désespoir, arment secrètement les âmes bien faites. Le génie littéraire de Céline est rendu à une continuité : inscrit dans la tradition avec laquelle il rompt, il apparaît comme un écrivain fécondant avec ardeur les héritages. Son tourment - « comment reviendra la guerre ? » - tient au fait d'avoir eu vingt ans en 1914.
Posté à l'intérieur du cercle magique, Paul Yonnet accomplit ainsi le serment qu'il avait un jour formé d'écrire le « testament » imaginaire de Céline.
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