Soutenir contre la théorie évolutionniste qu'il faut en urgence retourner
à Freud et au Lacan structuraliste implique qu'il faille ouvrir la porte du
cabinet du psychanalyste pour repartir de l'analyse du cas et montrer ce que
l'actualité des formes du malaise subjectif doit à l'évolution de la culture
et aux inhibitions, symptômes, angoisses, délires qui, de manière très
classique, se déduisent de la clinique des structures freudiennes (Névrose,
Psychose, Perversion) et donc en confirment la brûlante actualité. De ce
point de vue, la manie-des-toxiques est paradigmatique de ces nouvelles
formes du malaise recouvrant le travail des structures freudiennes, comme
le montrera l'analyse des inhibitions de Norman, du délire de Kodjo ou de la
perversion de Gaël s'exprimant dans sa passion toxique pour le rhum, mais
aussi son fétiche de cuir dont il fait des manteaux comme pour nous mettre
sur la piste du fétichisme de la marchandise, et plus largement sur celle des
ressorts inconscients de la fabrique des objets de la culture dont la dette
envers la sublimation, les dispositifs de recherche de plus de jouir et, plus
généralement, les logiques de la perversion est immense. Ce que montrent
de manière exemplaire l'écriture du journal intime de Sophie la menteuse
- l'enfant fétiche de la mère -, l'analyse de la nocivité de l'oeuvre d'art et
aussi... tous les autres contes freudiens qui forment le second volume de
ces Essais d'anthropologie psychanalytique, partant cette fois de la clinique
du cas vers celle de la culture et trouvant leurs conclusions dans Les leçons
cliniques de Socrate, où Lacan aperçoit l'émergence des formes de l'amour
en Occident et donc les formes originaires du transfert, Socrate dont Lacan
fait du même mouvement le patron des psychanalystes.
Lacan : un génie quoi !
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