«J'ai vu un bon film hier soir». Sait-on bien ce que l'on dit, en affirmant cela ?
Les mots employés trahissent notre manque de discernement, qui fait du son
le grand oublié de cette histoire. En effet celui-ci est toujours bien plus
impliqué dans notre perception du film qu'on ne le croit, et bien souvent
responsable des émotions que l'on éprouve.
Ce livre s'intéresse à cette partie immergée de l'iceberg audiovisuel, à la suite
de Gilles Deleuze et surtout de Michel Chion. S'il s'appuie pour l'essentiel
sur plus d'un siècle de cinéma, il ne s'interdit pas quelques incursions vers
les séries télévisées actuelles ainsi que dans le domaine du multimédia, et
plus particulièrement celui des jeux.
L'approche proposée a comme principe de toujours lier la lecture des oeuvres
aux conditions de leur réception, techniques notamment. La qualité du son
a beaucoup progressé depuis le milieu des années 1980, et cette
amélioration, patente dans les salles des multiplexes, tend à se retrouver à
tous les niveaux où il pénètre notre environnement. En témoignent la
banalisation de la haute-fidélité et son glissement vers le home-cinéma,
accompagnant l'explosion du marché des écrans plats.
Pour que jusque dans nos salons rien ne nous échappe désormais du grain
de la voix de Scarlett Johansson, de la vibration cristalline de la lame d'un
katana au sortir du fourreau, de l'impact du départ des torpilles lors d'un
combat naval...
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