Au cours d'une visite à Marengo, lieu de la célèbre victoire militaire de Bonaparte le
14 juin 1800, Henri Heine sent venir le jour où «le soleil de la liberté réchauffera
la terre». Né Harry Heine dans une famille juive rhénane, Henri Heine, épris de
cette clarté propre à l'esprit français du XVIIIe siècle, caresse en politique les idées
nouvelles portées par la Révolution.
Rejetant le nationalisme allemand francophobe et judéophobe, incessant médiateur entre les
cultures françaises et germaniques, figure du Paris romantique, libéral et humanitaire de
1830 à 1848, liée à Gautier, Sand, Berlioz et Nerval son traducteur, il est également proche de
Marx et de Saint-Simon. Mais s'il manifeste des idéaux progressistes et s'attache à défendre
une forme de communisme primitif envisagé comme une réponse salvatrice au nationalisme,
il pressent que cette utopie peut être inquiétante pour l'avenir de l'art et de la civilisation
humaine.
Quelle homme de lettre pourrait nous être aussi contemporain ? Malgré cela, celui qu'on n'a
que trop souvent présenté comme un «rossignol allemand niché dans la perruque de Voltaire»,
est encore trop mal connu en France. Pourtant par son ironie, son idéalisme sceptique, son
travail sans relâche pour unir au lieu d'opposer les européens, il est l'un de ces auteurs dont
nous avons le plus à apprendre
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