Quand Jean Mohr et moi-même travaillions à ce livre, Le septième homme, notre objectif premier était de montrer comment l'économie des nations riches d'Europe s'était mise, au cours des années soixante, à dépendre du travail de plusieurs nations plus pauvres. L'objet du livre, tel que nous le concevions, était avant tout politique. Nous espérions lancer un débat et encourager, entre autres choses, la solidarité internationale de la classe ouvrière.
Nous ne nous attendions pas à ce qui s'est passé après la publication du livre. La presse l'a presque complètement ignoré. Certains critiques ont dénoncé son manque de substance : il ne s'agissait, selon eux, que d'un pamphlet oscillant entre la sociologie, l'économie, te reportage, la philosophie et d'obscures tentatives poétiques, bref de quelque chose de vraiment pas sérieux.
Au Sud, la réaction a été tout autre. Le livre a été progressivement traduit en turc, en grec, en arabe, en portugais, en espagnol et en punjabi.
Dans ces divers lieux, le livre parlait aux lecteurs comme un ami intime. Ce n'était plus un traité de sociologie (ni même de politique au premier degré) mais, plutôt, un petit livre composé de vies réelles, d'une série de moments vécus - comme on en trouve dans un album de photos de famille. John Berger
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