Indissociables des sept recueils parus chez Corti depuis 1986, des carnets de notes, études, réflexions s'attachent, chez Christian Hubin, à cerner dans la parole ce qui à la fois l'accompagne, la fraie et l'apostasie.
Autant d'harmoniques - de dissonances aussi - qui, après La forêt en fragments (1987), Parlant seul (1993), aiguisent Le sens des perdants : ce que la poésie a - non d'inadmissible (comme le voudrait un vieil alibi), mais de soustrait ou d'immanent à elle-même : d'impitoyable.
Il faudrait (...) laisser le vide affleurer, - qu'y parle non cela qu'on voulait dire, mais en cela, ce qu'il n'est pas : croire en quelque chose qui n'existe pas (Thomas Bernhard).
Comme on respirerait à plein le manque de respiration. Ecrivant, lisant, je ne fuis pas, j'arpente le monde, je mesure et dé-mesure la «réalité». Non, je n'ai pas encore, je n'ai rien. Je suis sans rien et c'est pourquoi je suis encore. Le chat près de moi, de quoi se souvient-il ? Qu'est-ce qui est ? Quels mouvements dont l'espace est l'extrapolation ? La solitude du livre pardonne. Elle dément l'espoir, enseigne l'espérance.
Est-ce qu'il y a quelqu'un ? Est-ce qu'il y a une voix qui pourrait parler comme nous le voudrions ?
Christian Hubin
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