«Le pape d'Hitler», «le pape qui avait gardé le silence», «le pape
qui haïssait les juifs» ; dès le début des années 1960, depuis
Moscou d'abord puis avec la pièce allemande de Rolf Hochhuth
Le Vicaire, Pie XII fut accusé par une partie de l'opinion publique
et médiatique mondiale de ne pas avoir combattu le nazisme et
d'avoir fermé les yeux sur la persécution des juifs.
Historien de l'espionnage, Gordon Thomas a non seulement
travaillé à partir des archives du Vatican mais il a aussi retrouvé
un grand nombre de témoignages, oraux ou écrits, livrés par
des prêtres, des rabbins, des militaires, des religieuses ou
des diplomates. Ces récits ont tous en commun de révéler
l'existence d'un réseau structuré, destiné au sauvetage des
juifs via les nonciatures, les hôpitaux religieux et les couvents,
et placé sous la direction ultime du pape Pie XII lui-même.
Toutes les méthodes, jusqu'aux plus audacieuses, furent
utilisées : hébergements cachés, naturalisations diplomatiques,
exfiltrations, fausses hospitalisations. Gordon Thomas détaille
ainsi comment plusieurs milliers de juifs purent être sauvés
grâce aux décisions courageuses de Pie XII.
On comprend mieux la déclaration solennelle de Golda Meir,
Premier ministre d'Israël, à la tribune de l'ONU en 1958 : «Quand
le terrible calvaire vint sur notre peuple, au temps de la terreur
nazie, les mots du pape Pie XII s'élevèrent pour les victimes.»
Une part méconnue de la personnalité de Pie XII s'éclaire
à travers cette enquête, qui permet incontestablement de
réévaluer nos jugements sur l'action et l'héritage de ce pontife
plongé dans l'un des plus grands drames de l'humanité.
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