Le saint (?) et le sauvage (?)
Pierre Chanel et Musumusu (1837-1841)
Tout sépare Pierre Chanel, jeune paysan bressan qui se voue au sacerdoce avant de devenir missionnaire, et le guerrier futunien Musumusu, insulaire polythéiste profondément ancré dans ses traditions et ses coutumes. Pourtant, durant une brève période de quatre années, ces deux hommes au parcours opposé vont cohabiter avant que l'irréparable ne se produise. Pierre Chanel tombe sous les coups d'herminette assénés par Musumusu le 28 avril 1841. Il devient le premier martyr du Pacifique.
Pourquoi ce drame intervenu sur une île isolée appelée encore aujourd'hui « l'enfant perdu » a-t-il eu lieu ? Le fait témoigne à la fois du dynamisme d'une Église agissante soucieuse d'évangéliser les populations autochtones livrées au paganisme mais aussi a contrario, de la résistance des insulaires à ce qu'il faut bien considérer comme une intrusion cultuelle et culturelle.
Pourquoi réécrire une telle histoire ? Il ne s'agit pas de remettre en cause ou de juger des prosélytes prêts à sauver des âmes perdues d'outre-mer, ni de faire l'apologie de celui qui a fait couler le sang, mais de replacer les faits dans leur contexte, d'expliquer des attitudes et tout en évitant la tentation des « simplismes », de renoncer au manichéisme qui sous-tend toute histoire hagiographique. En un mot, rendre à chacun sa pleine humanité faite de qualités et de défauts, représentative d'une culture qui en conditionne les réactions et les comportements : avant d'être saint (?) ou sauvage (?) Pierre Chanel et Musumusu étaient bien les représentants de deux cultures appelées à s'affronter.
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