«Après la mort de la mère - elle aurait été
assassinée -, personne ne fit plus la cuisine
; les frères partirent, et Alrik resta seul
avec son père qui n'ouvrait plus la bouche.
C'est à cette époque qu'il apprit à jouer sans
jouet, sans camarades, et sans connaître les
jeux. La mer, l'air gris et l'eau grise, l'air bleu
et l'eau bleue, les harles et les macreuses
durent satisfaire son besoin de découvrir et
de combiner ; quand cela devint insuffisant,
son oeil puisa dans ses propres ressources
pour combler ce manque ; son oreille avide,
qui ne connaissait que le rugissement ou le
murmure du vent, le clapotis ou le grondement
des vagues, se nourrit de sa propre
substance, et, exacerbée par cette autarcie,
finit par distinguer des sons là où il n'y en
avait pas, entendre la circulation du sang, la
tension des nerfs, le déchirement des tissus,
puis les sons enfin, qui, au fil des mois, se
rassemblaient, s'ordonnaient, s'unissaient
pour en engendrer d'autres.»
Alrik Lundstedt ce jeune homme surdoué
monte à Stockholm pour apprendre la
musique. Mais la «folle du logis» l'entraîne
hors du chemin... Rêve et réalité se
mêlent...
«Le Sacristain... fait entendre en moins de
cent pages, les grands thèmes de l'univers
strindbergien : le jeu du réel et de l'imaginaire,
mais aussi la nature du moi, l'essence
de l'art, la solitude du surdoué, la foi, tous
réunis dans le destin pathétique d'Alrik
Lunstedt.»
R. M. Pagnard, Le Temps
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