On peut soutenir que le genre « roman » est aussi vieux que la littérature elle-même. Après tout, l’Iliade et l’Odyssée sont des romans. Peu importe qu’on les appelle « épopées » ce qui d’ailleurs revient presque absolument au même. L’Iliade est un roman d’aventures guerrières, l’Odyssée un roman d’aventures maritimes. Peu importe également que ces romans épiques soient en vers. On n’a guère commencé d’écrire en prose, pour le public, qu’à partir de l’époque où s’est généralisé l’usage de l’écriture, et surtout de l’imprimerie, qui ont permis de s’adresser à un seul lecteur en particulier. Avant ces découvertes, il n’y avait d’autre moyen efficace de s’adresser à ce public que la récitation et même la récitation appuyée sur le chant, ou du moins la mélopée. Donc, au début, le vers, procédé mnémonique, tout simplement. On se rappelle beaucoup plus aisément une strophe en vers — et chantée — qu’un morceau de prose. On objectera les historiens, Hérodote, Thucydide, Tite-Live, Tacite, et les moines chroniqueurs du moyen âge. On faisait des « lectures » de ces œuvres en prose — du moins pour les œuvres des historiens — mais il est infiniment probable que ces lectures s’adressaient à un bien moins grand nombre d’auditeurs, qu’elles avaient une clientèle moins étendue — comme d’ailleurs les œuvres des historiens de notre temps — que les épopées classiques ou plus tard la Chanson de Roland et toutes les chansons de gestes, qui ne tardèrent pas du reste à s’appeler des romans : romans de chevalerie, mais romans tout de même et c’est même d’eux que le nom de roman est venu.
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