L'auteur du Voyage au pays des Ze-Ka a été amené à relater deux procès retentissants :
témoin en 1950 à Paris au procès de David Rousset contre le journal communiste Les
Lettres françaises, qui l'accusait d'avoir «inventé» les camps soviétiques, il a couvert dix
ans plus tard à Jérusalem le procès Eichmann. Ce qui anime Julius Margolin, dans ses
deux comptes rendus comme dans ses autres écrits politiques ici réunis, c'est la volonté
de dénoncer le système concentrationnaire et les mensonges de ceux qui le défendent,
de lutter sans relâche contre ce qu'il nomme «l'intrusion du rapace dans le milieu démocratique».
«L'antisémitisme d'Eichmann est un dérivé de sa possession par la folie totalitaire. Il est
devenu antisémite par hasard. Dans la Russie soviétique, il aurait été un komsomol et
un stalinien exemplaire, et c'est avec la même facilité qu'il aurait commis d'autres crimes
contre l'humanité. Comme il est significatif que l'ancien Obersturmbannführer ne se soit
dégrisé qu'au moment où Khrouchtchev a envoyé le premier Spoutnik dans l'espace : c'est
à ce moment-là, selon son propre aveu, qu'il a été définitivement déçu par le nazisme
et qu'il a compris son erreur de calcul. On peut juger Eichmann à Jérusalem, mais il est
indestructible dans la nature humaine.»
Julius Margolin, «Le procès Eichmann», 1961.
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