Contrairement à ce que suggèrent les discussions contemporaines en éthique, les sciences ne sont par essence ni immorales, ni moralement neutres. Des facteurs endogènes leur ont certes fait subir des transformations qui les ont rendues plus sujettes aux questionnements éthiques. Dans le Prix moral de la modernité, Otfried Höffe part du concept de responsabilité et de la distinction entre deux conceptions de la connaissance scientifique (la conception antique illustrée par Aristote et la conception moderne incarnée par Bacon) pour aborder les grandes questions que le développement des sciences et des techniques pose à l'éthique : la déontologie de la recherche génétique, les liens entre recherche scientifique et économie, les problèmes moraux, sociaux et environnementaux posés par la technique, les devoirs de l'homme envers les animaux et envers les générations futures, etc. L'auteur récuse aussi bien le principe espérance de Bloch que l'éthique de la crainte de Jonas et l'attentisme éthique de Heidegger. Il expose les fondements et les conditions d'une éthique critique, d'un nouvel esprit éthique qui fait reposer ce qu'on appelle l'éthique appliquée sur une réhabilitation de la faculté de juger morale, une culture du temps opportun et la référence indirecte au modèle de la tragédie antique. Otfried Höffe est professeur de philosophie à l'Université de Tübingen, où il dirige également le seul centre de recherche allemand en philosophie politique.
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