La puissance fulgurante des Tragiques a longtemps éclipsé l’étrange beauté du Printemps. Maintenu sous le boisseau jusqu’au XIXe siècle, condamné depuis à des publications tronquées, le grand recueil profane d’Agrippa d’Aubigné a souffert d’une histoire éditoriale parcellaire autant que de la trop forte personnalité de son puîné. Pourtant, Le Printemps procède d’un épisode cardinal de la vie de l’auteur : sa brève histoire d’amour avec Diane Salviati (1571-1573) consacre son avènement poétique en lui donnant l’opportunité de prendre rang dans une tradition lyrique où il s’impose avec son style à rebours, entre rage et mignardise, fureur et ingéniosité, tragique et satire. Comme le Canzoniere de Pétrarque, Le Printemps accompagne la vie du poète, dont il enregistre les secousses et les changements : jusqu’à sa mort, il écrit, réécrit, complète et corrige ses pièces profanes qu’il envisage sur le tard de rassembler en recueil sans pouvoir mener à terme son projet.
À partir des manuscrits conservés à Genève, la présente édition propose une hypothèse herméneutique, dûment étayée, qui permet d’embrasser la production amoureuse d’Agrippa d’Aubigné et d’apprécier son insolente variété. Conformément aux principes de la collection, elle met à la disposition du lecteur deux versions du texte : à droite, le poème restitué dans son orthographe d’origine et sans ponctuation ; à gauche, les vers modernisés et ponctués.
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