Lorsqu'au moyen du langage - et conformément à ce qu'il attend de nous depuis l'origine - on a détruit le moi, détruit le sens, détruit le décor, détruit la mémoire, détruit l'Histoire et détruit l'art, ce qu'il reste alors de misérable et d indestructible entre nos mains, ou dans nos bouches, ou sous nos yeux réinventés par ce travail c'est : la poésie - du moins la possibilité de son commencement - (re)connaissable à sa couleur inquiète, à sa peau pulsatile, à ce goût de charbon jeune qui complique la salive à l'instant d'embrasser ou de dire.
Matière sèche issue d'une entreprise systématique de pulvérisation, ces aphorismes, proses et vers, appauvris et saisissants, sont la preuve vivante de la grande vigueur que sait garder la poésie même lorsqu'elle se voue - et peut-être parce qu'elle s'y voue - à un dessein de négativité.
C'est que cette voie de dénuement veut aller à rebours de tout ce qui nous parle « la bouche pleine de mort » ; et celui qui l'emprunte, se dépouillant sciemment de toute chance de retour, raffine, réduit et amenuise une langue par laquelle il tente de rallier, fût-ce au prix de l'impossible, la haute, la très haute idée qu'il se fait de la vie. « Un espoir : se dissoudre - avec l'Histoire dont on est l'étranger - dans le poudroiement des conclusions. »
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