Le portrait de l'amant(e)
Deux amants, un portrait, tels sont les personnages de l'« histoire fondamentale » que Maurizo Bettini développe par cercles concentriques, dans une enquête éblouissante.
Le tout premier portrait, dit-on, fut celui que traça la fille d'un potier de Sicyone en suivant sur le mur les contours de l'ombre de son amoureux, projetée par la lampe à huile - il devait partir au loin, elle voulait fixer ses traits. La littérature est riche de récits où l'on perpétue ainsi l'être aimé, mort ou absent : Laodamie, Admète et tant d'autres amant(e)s.
Mais l'« histoire fondamentale » ne manque pas de variantes qui se jouent de ce trio de base : c'est Narcisse amoureux de sa propre image, ou Pygmalion pour qui s'anime la statue de Galatée ; et l'on murmure que quelques égarés s'éprirent de statues jusqu'à s'unir à elles dans le secret de la nuit.
Il arrive enfin que les rôles s'inversent. La statue, devenue simulacre inquiétant, se libère de son créateur pour prendre vie ou se venger, l'homme, ou la femme, à son tour devient marbre. De la fille du potier à la Vénus d'Ille ou à la statue du Commandeur, la route est longue, semée de bifurcations mystérieuses.
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