Le Caire, fin des années 1940. Un garçon d'une
dizaine d'années consigne sa vie quotidienne : il
partage une chambre et un lit uniques avec un
père, âgé, qui ressemble plus à un grand-père,
dans un petit appartement au confort réduit au
strict nécessaire. Son récit est ponctué de flash-backs,
souvenirs d'une prime enfance heureuse,
où la mère était présente. Que s'est-il passé ? Lui-même
semble l'ignorer. Lentement, au fil des pages,
l'histoire familiale va se révéler, au lecteur en même
temps qu'au narrateur. Accroché à ce père qui lutte
désespérément contre la déchéance physique et
le déclassement social, l'enfant solitaire essaie de
comprendre le monde mystérieux des adultes. Il
écoute aux portes, espionne à travers les trous de
serrure, fouille les tiroirs et les placards, lit les livres
interdits.
Dans ce récit poignant, largement autobiographique,
Sonallah Ibrahim renoue avec l'écriture
objectiviste et l'attention extrême portée au détail
caractéristiques de son premier roman, Cette odeur-là
(Actes Sud, 1992), qui révolutionna l'écriture
arabe. En restituant au plus près le regard de l'enfant
qu'il a été, avec ses peurs, ses désirs, ses interrogations,
il donne à son récit une charge émotive
exceptionnelle et livre une de ses oeuvres les plus
fortes.
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