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Dans ces deux récits, Leskov, que Gorki considérait comme le plus russe des écrivains, emmène le lecteur à travers les immensités de la Russie européenne et de la Sibérie, « aux confins du monde » ; et son Pèlerin, poursuivi par une singulière malédiction, semble l'image même de la Russie.
Traductions d'Alice Orane, 1959, et d'Hélène Iswolsky, 1931.
EXTRAIT
Nous voguions sur le lac Ladoga, de l’île Konévetz à l’île Valaam, et en cours de route nous accostâmes à Koréla pour les besoins du service. Beaucoup de passagers eurent la curiosité de descendre à terre, pour visiter l’agglomération déserte, sur de fringants petits chevaux finnois. Puis le capitaine se prépara au départ et nous poursuivîmes notre voyage. Après l’escale à Koréla, on parla naturellement de cette localité russe très ancienne, mais pauvre et d’une tristesse inimaginable. Tout le monde à bord était de cet avis, et l’un d’entre nous, enclin à philosopher et à ironiser en matière de politique, déclara ne pas comprendre qu’on déportât les indésirables de Pétersbourg dans des lieux plus ou moins éloignés, ce qui imposait à l’État de gros frais de transport, alors qu’on avait sur le Ladoga, tout près de la capitale, un excellent endroit comme Koréla, où les esprits les plus libertins et les plus frondeurs céderaient à l’apathie de la population et à l’ennui mortel d’une nature chiche et déprimante.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Nikolaï Semionovitch Leskov est un écrivain et journaliste russe. Il écrivit aussi sous le pseudonyme de M. Stebnitski. De nombreux Russes le considèrent comme « le plus russe de tous les écrivains russes ».