Décapant. C'est le maître mot qui se dégage de la lecture de
ce récit.
En effet, l'essai romanesque «Le peintre B.» est un pamphlet. Pendant
de longs chapitres, le lecteur, dans la mesure où il se considère comme
faisant partie du monde de l'art, en prend littéralement plein la gueule.
Ils sont minables, tous autant qu'ils sont : les négriers galeristes, les
critiques presbytes, les suceurs de moelle substantifiquement étatisée,
les opportunistes déboussolés, les analphabètes pontificaux et autres
brasseurs de fiel. Gilbert Pingeon leur (nous) trouve une cinquantaine
de qualificatifs, une véritable anthologie fleurie, inédite dans sa
richesse, après laquelle il ne reste rien.
On se croirait dans «Maîtres anciens» de Thomas Bernhard.
Mais l'artiste lui non plus n'est pas épargné. Après l'évocation de la
naissance du peintre B., on a envie de s'exclamer : oui, la vie est une
belle merde ! Et la manière de laquelle son entourage va le caractériser
par la suite (artiste maudit, bouffeur de vache enragée...) n'augure
pas d'un bel avenir.
Pourtant, cet écrit est un manifeste sur la nécessité de créer.
L'artiste, le vrai - et le peintre B. est un artiste vrai, authentique,
indépendant - se battra contre le monde entier s'il le faut pour produire
cette oeuvre essentielle que Gilbert Pingeon brandit en valeur
absolue : l'oeuvre réalisée par nécessité intérieure ! Selon lui, l'art est la
seule manifestation cohérente de la pensée humaine :
Il n'est spécifiquement ni religieux, ni symbolique, ni fonctionnel, ni
philosophique, ni rien d'autre que ce qu'il est : une modification de la
matière par la conscience ou, si l'on préfère, l'intrusion de l'idée de
mort dans l'inconscience de la matière.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.