Ottaviano Mei, rejeton d’une riche famille de Lucques en Toscane, réfugiée pour des raisons religieuses à Genève en 1555, croisa Calvin dans sa jeunesse dans les rues de Genève, fit ses études de théologie sous Théodore de Bèze et Lambert Daneau, puis, de 1580 à 1619, devint pasteur des églises protestantes italophones de la Valteline et de Chiavenna, région sujette des Ligues grisonnes. Il fut l’un des acteurs des controverses entre catholiques et protestants qui aboutirent au terrible massacre de 500 à 600 protestants en 1620, le « Sacro Macello » de la Valteline. Observateur averti de la situation politique, il pressentit le désastre. La découverte fortuite de l’inventaire après-décès de sa bibliothèque, document rarissime, permet de se faire une idée de la culture d’un pasteur savant et engagé : théologie calviniste, controverse antipapiste, philosophie aristotélicienne, mais aussi histoire, médecine, géographie, art de vivre, poésie, économie, jusque et y compris, Il Cortigiano de Baldassare Castiglione, le livre de chevet de la bonne société de l’époque. Personnalité vivante et sensible, érudite et ouverte à la culture, à la pensée structurée et claire, bienveillant et disponible aux autres, Ottaviano Mei est capable d’enthousiasme tout en gardant une vision réaliste face à une situation confessionnelle qu’il voit avec anxiété se péjorer. Une personnalité attrayante, jusqu’à maintenant peu connue, qui mérite de prendre sa place parmi les acteurs qui ont fait la réforme.
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