Défense et illustration du parler des Noirs américains, l'ouvrage
de William Labov est en même temps un exercice de sociolinguistique
au vrai sens : méthode où à aucun moment la linguistique
ne se sépare du sociologique.
Parce que les problèmes posés par l'analyse linguistique ne
peuvent être résolus dans le cadre de l'étude grammaticale
étroitement comprise, William Labov est conduit à élargir considérablement
le domaine de sa recherche : pour rendre compte
de la langue propre des Noirs américains, il est ainsi amené à
considérer non seulement le langage «mais la culture, l'organisation
sociale et la situation politique de la jeunesse des ghettos
noirs des Etats-Unis». Les hypothèses scientifiques sont ainsi,
inséparablement, des thèses politiques : pour rendre possible
une science de la langue des Noirs américains, il faut commencer
par révoquer l'opposition entre la langue officielle, qui peut
tout dire, et le dialecte, qui balbutie et ne dit que l'immédiat. Il
n'y a que des systèmes cohérents et variables, dont chacun
exprime l'universel, en quoi il est l'égal des autres, et traduit le
propre (soul, comme disent les Noirs américains), en quoi il est
irremplaçable.
Produit d'une enquête empirique exceptionnelle où la langue
est toujours saisie dans son contexte et dans des rapports
sociaux contrôlés, ce livre, qui n'abandonne rien des ambitions
scientifiques de la linguistique contemporaine, fonde une
manière absolument nouvelle de penser et d'analyser la langue.
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