Le nord perdu fut écrit en hommage à la revue gasconne Reclams,
à l'occasion de ses cent ans. L'étrange sommation, ici, ce fut
d'imaginer que toute oeuvre est debout, d'abord, comme la
réponse à une question qu'elle dissimule : Lenga, lenga, qui ès - lenga ?
La réponse prit la forme des trois chants qu'annonce le prologue,
qui se diront successivement «poème géographique», «poème
suaire», «poème furieux».
Le premier chant donne une voix au Nord, puisque, par
paradoxe, celui qui parle à ses amis de l'Escola Gaston Febus est un
poète de langue d'oïl. Le second chant prend le parti, non d'une
langue, mais de toutes, «petites et grandes». Et même, faudrait-il
dire, plus que des langues elles-mêmes, des poèmes qu'on y fait et
de l'énigme qui s'y joue. Le troisième chant, enfin, est la même
philippique imprévue contre le noir principe qui ruine le langage et
qui, le faisant contrevenir à sa définition - instituer la vie - met en
péril l'humanité comme telle.
Mais ce n'est pas le moindre paradoxe qu'un cri de guerre contre
la mort des langues soulève ensemble deux grandes langues
historiques, jadis rivales : comme s'il était absurde de croire que
l'une est impériale, que l'autre est humiliée. Non, ce n'est pas la
moindre énigme qu'on entende un seul cri dans deux voix.
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