Ce livre interroge les données de base de la linguistique saussurienne : le
temps, la transformation, l'arbitraire, l'identité, l'ellipse, l'unité...
Qu'est-ce que le temps ? Le dispositif axiomatique du Mémoire de 1879
ou le flux héraclitéen de la légende ? L'un et l'autre. Mais peut-on à ce sujet
parler de «lois» ? Autres questions : Qu'est-ce que le mot, donné «sans
analyse» ? Sur quels mécanismes «mémoriels» la morphologie repose-t-elle
?
Au coeur du dispositif saussurien - entre substance et proportion - le
signe. Un signe très différent de sa vulgate, dès qu'on rassemble ce qui est
épars dans les monographies, les notes de cours, les cahiers consacrés à la
légende germanique, aux anagrammes. Un signe à la typologie erratique au
coeur duquel l'ellipse majeure règne : l'absence. Le nom de l'absent, c'est le
signe.
Saussure partage largement les préoccupations de la linguistique de son
temps (Whitney, Bréal, Havet, Meillet...) mais les cadres de ce qu'il veut
dire peuvent aussi être étendus aux autres champs scientifiques fondés par
sa génération, du côté de la psychanalyse et de la physique des quanta...
Francis Gandon cherche ici à préciser la position de Saussure entre la
philologie classique - celle, par exemple, de la «semi-conjecture» de Havet
- et l'esthétique au sens le plus large. C'est l'idée d'une proportion dont
nous aurions perdu le secret - proportion qu'image la perspective baroque
d'un Castiglione qui donne à ce livre son frontispice - proportion que le
sémiologue, maître et sujet d'un domaine que caractérisent à la fois la
banalité et le défaut d'analogie, se doit de rétablir.
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