Étrange théâtre, ce 16 juin 1940, que la ville de Bordeaux devenue
la capitale improvisée d'une France déjà largement envahie par les
troupes hitlériennes : trois conseils de ministres en vingt-quatre heures,
présidés par deux chefs de gouvernement successifs, Paul Reynaud et
le maréchal Pétain, l'un à bout de résistance, l'autre usé par l'âge
et décidé à arrêter les combats. Un monde s'écroule au milieu d'un
immense exode et d'un chaos indescriptible. Une république se meurt
dans une indifférence quasi générale.
Ce moment dramatique, écrit Éric Roussel, marque la vraie rupture
de 1940, non seulement parce que tout un pays bascule alors dans
l'inconnu, mais surtout parce que cette journée révèle, en miroir, les
causes immédiates et lointaines, politiques autant qu'intellectuelles,
culturelles et morales, d'une défaite qui, au fond, n'est pas si étrange.
Récit d'un naufrage prévisible, ce livre interroge également à frais
nouveaux les failles méconnues et les faiblesses parfois insoupçonnées
de cette IIIe République finissante qui va expirer à Bordeaux dans le
tumulte, l'incertitude et, pour beaucoup, l'inconscience de la partie
terrible qui se joue alors ; il retrouve les grands protagonistes de ce
drame et d'autres visages moins connus ; il en restitue les opinions, les
engagements, les passions, les arrière-pensées...
Mais dans ce chapitre si sombre on entrevoit aussi, portés par une
prescience et une détermination inespérées, les germes d'une régénération
politique nationale et d'une configuration inédite des rapports
entre les peuples européens : le 16 juin aura été l'école de deux hommes
aussi exceptionnels que différents, Charles de Gaulle et Jean Monnet.
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