Auteur d'une oeuvre exigeante et importante, Menno Ter Braak (1902-1940) compte parmi les voix les plus engagées de sa génération et fut l'un des intellectuels des plus éminents des Pays-Bas. « Politicien sans parti », comme il se définissait lui-même, lecteur attentif de Nietzsche et de M. Scheler, Ter Braak voit dans le ressentiment et la rancune qui se sont, pour reprendre ses termes, « émancipés », la véritable cause de l'essor du populisme chez certains de ses pairs comme dans l'opinion publique. S'il dénonce la passivité, la « bienveillance », pour ne pas dire la complaisance, d'une partie des intellectuels de son temps à l'égard du fascisme, du nazisme et de l'antisémitisme, il se montre tout aussi exigeant dans sa critique des dévoiements dont est victime, mais aussi responsable, la société démocratique, jusqu'au sein des milieux démocrates et socialistes. Mais c'est très clairement qu'il reconnaît à la démocratie « son indiscutable supériorité », seule capable de contenir « l'émancipation totale du ressentiment » inhérente à toute dictature.
Cet essai aux allures de pamphlet, Le national-socialisme, doctrine de la rancune, parut tout d'abord en 1937 aux Pays-Bas. Il est depuis régulièrement réédité dans son pays, et traduit à l'étranger. Cette première traduction française (et premier livre en France de son auteur) est ici suivi de « Discours sur la liberté » (1935), ainsi que d'une postface.
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