La souveraineté, régulièrement identifiée comme un sujet de philosophie politique dérangeant pour notre modernité, est une notion dont le caractère abstrait constitue la condition de la pertinence comme arbitre de la régulation imposée par la figure de l'État et par la légitimité que celui-ci acquiert dans les structures de type moderne et démocratique. C'est parce que la souveraineté est abstraite que l'autorité est légitime. L'idée que la souveraineté ne fonctionne pas sans un soupçon d'abstraction qui permet de lier le principe d'autorité avec une logique rationnelle est au coeur de cet ouvrage, et renvoie de manière directe à ce que l'on a coutume de nommer la question théologico-politique. La souveraineté constitue un mythe appelé à poser l'autorité sur un principe de légitimité qui permette son succès, dont les structures sont propres à la modernité mais dont la nature et les objectifs sont comparables aux mythes plus anciens : expliquer et justifier la présence d'une autorité par les hommes sur d'autres hommes, en faisant intervenir des catégories issues des idées politiques amenées par la modernité, au premier rang desquelles la subjectivité, comme critère rationnel de légitimité. De ce point de vue, du Corps au Contrat social, c'est un même enjeu qui se déploie dans l'histoire sous la forme de représentations contingentes.
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