Le mystère des Trois Frontières place dans une géographie imaginaire dominée par l’espace de la forêt la trajectoire d’un narrateur ethnologue. La disparition brutale et inexpliquée de sa compagne Andonia l’a laissé dans un état de dépression qu’il tente d’adoucir en désertant à son tour. Pour sa retraite, il a choisi la pension Zum Wanderer, havre de paix qu’environne la forêt des Trois-Frontières.
Dès son arrivée et à l’issue d’un bref échange pour le moins énigmatique avec un randonneur également pensionnaire du lieu, pensionnaire aux allures d’oracle et qu’on découvre fou à lier, l’homme entreprend de longues marches aux abords de cette forêt qui semble être le théâtre d’étranges manifestations. Peu à peu, on quitte les abords pour l’obscurité profonde. « Le dépressif s’accommode mieux des alcôves que des pleines lumières. » Alors que son esprit assombri recouvre une certaine forme d’apaisement dans l’épuisement des promenades, l’ethnologue fasciné repousse l’échéance du retour. Trop de phénomènes, de troubles, de questions entourent le massif forestier ; cette étrangeté qu’il veut comprendre, il l’éprouvera jusqu’à une sorte de coma, de chute que le lecteur envisagera selon sa grille de lecture personnelle.
Quittant la forêt et ses spectres légendaires, on assistera à la neurasthénie d’un Zeus accablé par l’abandon des hommes, qui se sont détournés des Poséidon, Dionysos et consorts au profit d’un Dieu unique et de ministères (Un dîner chez les Zeus), ou encore à l’absurde déroulé du dernier jour du monde (Le jour de la fin du monde) : Le mystère des Trois Frontières, roman qui inaugure et donne son nom à ce recueil également composé de huit nouvelles, présente un penchant pour la relecture des mythes antiques, ces « boîtes noires du genre humain » qu’Éric Faye soumet à l’analyse sans omettre de nous laisser notre part d’interprétation.
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