roman
«Il fait si froid quand on reste assis et que les souliers trempent dans la neige,
et tout ça imaginez-vous il y a quarante-cinq ans mais les pieds nus ou dans
des sabots de bois ou des loques, et pas quatre-vingt-dix minutes mais un jour
entier, une nuit et encore un jour. Une idée me traverse l'esprit, on devrait
embaucher des antisémites comme figurants. Et les laisser là assis ou debout
par moins vingt-deux, et pas une heure et demie mais disons trois heures.
Pourtant c'est pas parce qu'ils se gèlent que ça nous réchauffe, nous autres,
pas autrefois, et aujourd'hui un thé brûlant fait aussi l'affaire.»
Au début des années 1980, l'Autriche dort encore paisiblement, bercée par la douce
nostalgie de la grande époque des Habsbourg. Mais l'ouverture à Vienne du procès
du SS Oberscharführer Anton Herser, surnommé le briseur de crânes, interrompt
brutalement ces rêves d'innocence. Toute la nation se retrouve confrontée à un passé
douloureux, jusqu'alors trop souvent occulté : le national-socialisme. Un fils de SS
hanté par d'effroyables souvenirs, un survivant appelé à témoigner au procès de son
bourreau, un homme de théâtre qui cache ses origines... Autant de personnages
complexes, de secrets, mais aussi d'espoirs, qui dévoilent strate après strate la psyché
autrichienne.
Dans une langue dure et poétique, Robert Schindel met en scène la difficulté de vivre
avec un passé très présent, avec la culpabilité, l'oubli et la mémoire. Sans doute est-ce
pour cela que Le Mur de verre est devenu en Autriche et en Allemagne le livre de
toute une génération, trop jeune pour avoir connu les horreurs de la guerre, trop âgée
pour ne pas en avoir subi les conséquences. Bouleversant retour sur la période la plus
sombre qu'ait traversée l'Europe, le roman pose également des questions essentielles
sur l'identité collective et sur la place de chacun dans l'Histoire.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.