Le Mont-Saint-Michel

L'entrée de l'abbaye

Le logis de l'abbé.

Ce bâtiment est appelé Belle-Chaise, déformation du latin bella casa : « belle maison ».

Dans la moitié nord de l'ancienne Gaule, le ca latin se prononçait « cha ». De la même manière, casa dei - « la maison de Dieu » (le nom d'une grande abbaye en Haute-Loire) - est devenue la Chaise-Dieu ; « castel » et son diminutif « castelet », employés au sud, se dirent au nord « chastel » (d'où « château ») et « châtelet » et « Mi-ca-el » a donné « Michel ».

Comme la guerre de Cent Ans a fait de l'abbaye elle-même une pièce de l'ensemble hautement fortifié du Mont, son entrée n'est plus une simple porterie sous la responsabilité du moine portier. Elle est défendue par un corps de gardes dans le châtelet.

La porte est protégée par un barbacane, une cour avec rempart.

Des mâchicoulis juste à l'aplomb de la porte pour jeter des pierres sur tout intrus.

Une trappe au-dessus du palier : encore le même moyen de défendre l'entrée.

Ces ouvertures sont bouchées : le bâtiment prévu ne fut jamais construit afin de maintenir sous surveillance, depuis le chemin de ronde, les accès des visiteurs.

Escalier pour rejoindre, par la crypte sous le chevet de l'église, le pont d'entrée au logis de l'abbé et à la procure.

L'étage et le rez-de-chaussée de Belle-Chaise

à l'étage : la salle de justice - l'officialité - (elle donne aussi une idée de la forme des salles du logis de l'abbé).

La place étant trop mesurée sur ce rocher pour disposer de cours, c'est dès le bâtiment d'entrée que les visiteurs étaient répartis :

les pèlerins et simples dévots vers le Grand-Degré, tout comme les gens d'affaires et les visiteurs de l'abbé ;

les justiciables vers l'escalier pour l'officialité ;

les pauvres nécessiteux vers l'aumônerie de plain-pied et, pour les grandes occasions, les invités vers la grande salle, en gravissant l'escalier qui contourne la citerne.

À l'intérieur du châtelet, en bleu, comme vu par des rayons X, l'escalier d'accès dit « du gouffre ».