De Filippo Tommaso Marinetti, la postérité a surtout retenu les anathèmes iconoclastes contre les musées, les bibliothèques et le carcan mortifère du passé. Le geste destructeur futuriste, acte de naissance des avant-gardes artistiques du XXe siècle, trouve sa forme la plus véhémente dans l'appel à la guerre contre l'Autriche, martelé depuis les premiers manifestes de 1909. Publié en 1912 et jamais réédité depuis, Le Monoplan du Pape est de cette veine nationaliste et belliciste et il y va fort, il brûle les mains. Un pilote d'avion (Marinetti lui-même), mandaté par son père l'Etna, file vers Rome, capture le Saint Pontife, le suspend à son monoplan et prêche sa guerre dans le ciel d'Italie avant de s'inviter à la grande boucherie de la bataille moderne.
Écrit directement en français, Le Monoplan du Pape est, selon son auteur, un « roman politique en vers libres » . Dans le dossier infiniment débattu des rapports du futurisme avec le fascisme, il serait une accablante pièce à charge s'il n'était avant toute chose un grand poème expérimental sur la destruction, condition de toute vie et de tout devenir futuriste. Tout prend feu dans Le Monoplan du Pape, mais surtout le vers libre et la poésie symboliste que Marinetti consacre pour la dernière fois, avant de passer quelques mois plus tard au mot-librisme. Or, énorme surprise, il lui en coûte. Qui pouvait croire que sous le contempteur du sentimentalisme se cachait en fait un amant de la Lune ?
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