Le miroir d'Anabelle et outres récits
Pour Lyonel Trouillot, on ne peut connaître de l'autre « que des moments ».
Délaissant le roman le temps d'un recueil, l'écrivain se fait novelliste et déploie sa prose, superbe et étonnante de maîtrise, pour décrire autant de fragments de vie où, sur quelques pages, saisissant tel événement crucial, il vrille jusqu'au tréfonds d'une âme ou encore, exaltant tel détail, il dévoile brusquement la réalité d'un être.
Ainsi, dans « Petites finales », lit-on les ruminations blasées d'un diable terriblement humain, jetant, à l'occasion d'un match de foot médiocre, un regard morne sur un homme aigri, que seule la passion triste du ressentiment maintient en vie.
Dans « Casa blanca », un chaste et vieux professeur, fidèle à Baudelaire et à la même prostituée, voit sa constance brusquement récompensée.
« L'ode, la femme et l'armateur » rappelle la suprématie impérieuse du rêve sur le réel, et son appel incoercible à fuir vers l'ailleurs.
Dans « Fait divers sur écran noir », la fragmentation du texte prend un tour hyperbolique, et l'auteur assume le risque de la folie de son personnage, lequel va préférer son rêve cinématographique à son malheur.
C'est le même caractère fragmentaire, que la lettre constituant « Le miroir d'Anabelle » met en scène, à travers les mots passionnés et éperdus de celui qui, aliéné, détruit par l'alcool, déchu, sait qu'il a irrémédiablement perdu l'être aimé...
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