Dernier roman de Joë Bousquet (1897-1950). Le Médisant par bonté, composé de 1941 à 1943 - une première version s'intitulait Manon se marie - et publié en 1945, marque un tournant dans son esthétique et son œuvre romanesques. S'il utilise ici style acéré et veine sarcastique, brossant ses caractères avec une verve comique, il n'en délaisse pas pour autant la poésie fermée de ses précédents romans, faisant parfois appel à un hyperréalisme descriptif bien dans la tradition picaresque.
Consignant la morsure des menues anecdotes de Carqueyrolles (Carcassonne), il entend typiser, selon le modèle balzacien, la «physionomie du chef-lieu» en un défilé où voisinent couches sociales et portraits psychologiques : médecins, magistrats, bourgeoisie de la vigne, aristocratie, femmes, maris, célibataires, avares, prodigues...
Flirtant avec la langue de La Bruyère et celle de Jean-Paul, cette épopée de la médisance se veut aussi un roman ethnographique, un regard sur sa ville depuis l'îlot de sa «chambre noire». Mais sa raillerie, en définitive, est amoureuse : Bousquet nous fait partager les mystères de sa conscience blessée en s'expatriant de lui-même pour rejoindre la vie réconciliée et l'existence des autres.
C. Bachat
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