C’est quasi un lieu commun, dans la France du XVIIIe siècle, de blâmer le mauvais goût et la corruption de l’époque. Si celui-ci continue à envahir la France, il ne manquera pas d’entraîner, après l’apogée du Grand Siècle, le déclin de la nation, affirment les philosophes. Aussi la diminution de l’illettrisme, loin de susciter l’enthousiasme, est-elle perçue par bon nombre d’entre eux comme une menace, et d’acerbes critiques prétendent remettre dans le droit chemin les lecteurs peu instruits qui ont des prédilections pour les romans gothiques, pour les bagatelles du Mercure galant ou pour l’orientalisme vulgaire. Voltaire, Montesquieu, Diderot comme divers théoriciens de l’esthétique tentent ainsi d’établir une définition du bon goût qui leur permette de rejeter et de condamner à l’oubli les œuvres qui s’en écartent et qui n’en sont pas moins, à nos yeux, représentatives de la variété des livres que l’on retrouve sur les étals des libraires avant la Révolution.
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